L'artiste est, de nos jours, l'homme qui maîtrise un art, c'est-à-dire des techniques d'expression particulières : il est peintre, musicien, sculpteur, architecte, poète, comédien, etc.

 

Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, les artistes (le mot désigne les maîtres es arts) travaillent pour des commanditaires ou des mécènes : ils ne se distinguent pas des artisans ; comme eux, ils exécutent les commandes des princes, de l'Église et de riches bourgeois. Au XVIIe siècle le mot d'artiste « se dit fort bien d'un ouvrier exerçant une profession mécanique. » (Chapelain, 1661) et « particulièrement de ceux qui font des opérations chimiques » (Dictionnaire de l'Académie, 1694)

 

Au XIXe siècle, l'art est solidement contrôlé par des institutions bourgeoises (académies, salons, écoles) qui tendent à imposer un style « académique », c'est-à-dire convenu, sans place pour l'originalité, que la nouvelle classe dirigeante juge dangereuse pour elle, alors que se développent des luttes sociales féroces.

 

Les meilleurs artistes refusent alors cet état de chose, et acceptent souvent la pauvreté pour conserver le droit de s'exprimer librement. Un mépris réciproque s'installe entre les bourgeois et ces artistes révoltés, pour qui l'art devient en quelque sorte une nouvelle religion.

 

Au XXe siècle, la reconnaissance tardive du talent de ces derniers aboutit à une situation inverse : l'originalité tend à être considérée comme la première qualité, et les mécènes se multiplient : aux États, aux villes, aux riches financiers, vont s'ajouter les grandes entreprises en quête de bons placements et de publicité, l'œuvre d'art atteignant une valeur marchande sans précédent, et le public s'étant fort élargi.

 

Notons une exception notable : les régimes fascistes et communistes ont de nouveau tenté d'imposer un art officiel.