Syndicat National de l'Enseignement Secondaire

J'ai travaillé au S.N.E.S., de 1995 à novembre 2002, à l'évaluation des cédéroms d'enseignement afin de ne pas rompre brutalement avec la pédagogie, d'autant que j'achevais le chantier d’Approches ouvert peu avant ma retraite. Malgré bien des désaccords, je crois qu'il joue un rôle très utile, et j'apprécie la qualité personnelle de beaucoup de ses militants. Ceux qui sont revenus du stalinisme (auquel beaucoup n'ont jamais adhéré) ont gardé un cœur pur et beaucoup d'idéalisme.

C'est donc bien à regret que j'ai rendu ma carte, à la suite du vote d'une motion condamnant unilatéralement Israël et appelant à des sanctions internationales, au sujet de laquelle j'adressai une lettre qui est restée sans réponse. C'était une rupture complète avec la tradition du S.N.E.S qui était de maintenir la balance égale et de ménager des rencontres entre gens de bonne volonté des deux bords, ce qui me paraît plus conforme à la vocation d'un syndicat d'enseignant. Voici la conclusion de ma lettre du samedi 18 juillet 2009 :

« Chers camarades, libres enfants de la Patrie des Droits de l'Homme, vous croyez pouvoir, de son passé souillé par les bûchers, les persécutions religieuses, les guerres européennes (la France s'est en grande partie construite par des conquêtes, jusqu'au recouvrement de l'Alsace-Lorraine par la campagne de 1944-1945), coloniales et mondiales, faire table rase. Sinon, d'où vous viendrait une telle assurance ? Sur votre lancée, vous pensez peut-être, en refaisant le monde dans de claironnantes motions, faire oublier aussi votre impuissance à combattre les maux qui s'y développent – paupérisation des travailleurs, enrichissement sans frein de ceux qui les exploitent, développement d'un régime policier et monarchique qui foule aux pieds toutes les institutions (justice, parlement, enseignement, etc. qui garantissent les libertés) et qui transforme les travailleurs immigrés en sans-papiers pour mieux les exploiter et les persécuter, lâcheté et cupidité congénitales de sa classe politique – maux que vous dénoncez mais auxquels vous n'avez pas le commencement d'une solution à proposer.
Mais pourquoi cet acharnement contre ce petit pays qui ne demande qu'à vivre, et qui n'existe que parce que ce fameux droit international dont vous vous réclamez l'a voulu ? Ne serait-ce pas parce que, comme tant de dirigeants qui ont perdu le contact avec « les masses », vous essayez de les rameuter à peu de frais en réveillant les vieux démons ? Il est temps pour les naïfs et les indifférents d'examiner la question, et il faudra bien qu'un jour les masques vertueux de ceux qui les entraînent finissent par tomber : alors apparaîtra le mufle de la vieille haine antijuive, devenue antisémite puis antisioniste (de gauche comme de droite) car, selon le mot fameux de Bertolt Brecht, ″Il est encore fécond le ventre d'où a surgi la bête immonde. " »