Stalinisme

Iossif Vissarionovitch Djougachvili, alias Joseph Staline (1879-1953), « le petit père des peuples », fut un dictateur non moins cynique et sanguinaire que Hitler, prétendant sous le couvert d'un discours humaniste édifier « le socialisme réel » dans un pays arriéré, alors que pour Marx ce régime ne pouvait naître que dans les pays les plus économiquement avancés. Mais le marxisme exerçait alors un si puissant attrait sur beaucoup d'étudiants que les communistes n'avaient aucun mal à nous persuader que ceux qui dénonçaient les horreurs du stalinisme n'étaient que « des laquais ». Ils procédaient ainsi par invectives, calomnies et, dans la vie syndicale, par intimidation et tentatives de coups de force. Je n'en citerai que deux exemples pris à Saint-Denis, où ils étaient majoritaires à mon arrivée.

Leur responsable, Dumeix, tenait à jour des fichiers sur tous les nouveaux venus, professeurs ou stagiaires. Il entreprit aussitôt de me chaperonner, et me désigna pour l'assister à l'oral du jury de recrutement. À ma grande surprise, il m'avertit avant de recevoir un candidat : « Attention, c'est un trotskiste de la pire espèce, il ne doit pas passer ! ». Je dois lui rendre cette justice que celui-ci s'étant montré très brillant, il le reconnut sans difficulté. Dans ces cas-là, il s'arrangeait pour que de tels sujets soient confiés à des collègues, se réservant les communistes bon teint et les sympathisants qu'il espérait convertir.

Il y eut à un certain moment un conflit entre la section syndicale de Saint-Denis et celle de Lille, d'où je venais, à propos de l'avenir des E.N.N.A. Nos camarades nous adressèrent un courrier et, ne recevant pas de réponse, m'appelèrent pour me demander de présenter leur motion. Quand j'en parlai en réunion syndicale, un vieux compagnon de Dumeix, Sclaffer, qui était le destinataire de ce courrier, se leva, pointa le doigt sur moi en tonnant : «  Tu mens !  » Ulcéré, je quittai le S.N.E.S. pendant deux ans, puis y revins.