Le mot art désigne, jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'ensemble des connaissances et des moyens nécessaires à l'exercice des métiers, comme dans l'expression Arts et Métiers.
Au milieu du XVIIIe siècle s'en détachent les beaux-arts (l’expression est apparue au XVIIe siècle, et diverses académies d’Ancien Régime seront regroupées sous ce nom en 1803) : peinture et sculpture, puis musique et danse, etc. c'est-à-dire que la création esthétique est privilégiée. Le XIXe siècle distingue en outre les arts décoratifs : tapisserie, céramique, verrerie, ébénisterie, orfèvrerie... ou arts appliqués.
Dans son sens moderne, il n'a pas d'équivalent en grec, où le mot tekhnê s'applique à la forge comme à l'équitation et à la peinture. Platon range le fabricant d'images (destinées au culte) juste avant l'artisan et le paysan ; travailleurs manuels, ils sont méprisés. Les Latins finiront par distinguer les arts libéraux (liberalis, convenant à un homme libre parce que non manuels) des autres arts (techniques), mais en ont toujours exclu « les peintres [...] les sculpteurs, tailleurs de marbre et autres serviteurs du luxe. » (Sénèque, Lettre à Lucillus, 88, 18), considérés comme des ouvriers du bâtiment.
Le Moyen Âge oppose aussi arts mécaniques (qui font appel à la main et aux machines) et arts libéraux : arithmétique, géométrie, astronomie et musique qui forment le quadrivium (quatre routes) et le trivium (trois routes) des études universitaires : grammaire, rhétorique et dialectique ainsi que philosophie et théologie.
La notion moderne d'art est apparue en Occident comme substitut de la religion, quand celle-ci s'est affaiblie. L'art lui emprunte des attitudes (contemplation, ferveur), et bâtit comme elle des temples (les musées). Mais au lieu de renvoyer à un au-delà, l'image y est adorée parce qu'elle renvoie à la notion de perfection, d'absolu, de communion par-delà les siècles, ou aimée pour le plaisir qu'on en tire.
Avec la mondialisation et le règne sans partage de la finance, l’œuvre d’art est devenue une marchandise parmi d’autres, à l’instar des organes du corps humain. Désacralisée, elle est l’objet d’investissements et d’échanges commerciaux et sert d’appât à l’industrie du tourisme. C’est un placement dont on attend d’abord du profit.
Voir Régis Debray, Vie et mort de l'image, ouvrage cité Voir Arts plastiques |