Victor Hugo et la photographie
Il ne semble pas que le mot photographie apparaisse dans l'œuvre littéraire de Hugo. Mais on sait qu'il a fort pratiqué cet art, au moins à partir de 1852, dans son exil de Jersey, avec Auguste Vacquerie, frère de Charles, mari de sa fille Léopoldine, et ses fils Charles et François-Victor Hugo. Ces derniers auraient même projeté de publier, sous la direction de leur père, un grand livre illustré :
Jersey et les îles de la Manche vers et prose, photographies et dessins.
Dans L'Histoire de la photographie, ouvrage cité, Beaumont Newhall, à qui nous avons emprunté ces détails, ajoute :
« Mais on sent dans les photographies qui nous en restent un étrange romantisme, reflet de l'inspiration du poète de la mer. Le symbolisme des sujets est évident. Les troncs noueux des brise-lames, les sinistres chaos de rochers, la tour de Montorgueil, paysage de prédilection, se retrouvent dans les aquarelles du maître. »
Si Hugo laissa les tâches techniques à Auguste et à Charles, il veilla de près à la prise de vue et à la mise en scène de son propre personnage et de ses proches. Une lettre à l'éditeur Hetzel montre son enthousiasme : « C'est justement la lithographie, la lourde et inepte et pâteuse lithographie, qu'il faut tuer par la main de sa sœur [...] infiniment plus belle, la photographie [...]. C'est la révolution photographique que nous voulons faire. » (1853) |