Le réalisme au cinéma
Si l'invention des frères Lumière est apparue d'abord comme l'aboutissement des recherches tendant à procurer par l'image un simulacre de la réalité, le cinéma s'est rapidement éloigné de cette voie.
Le terme de réalisme est employé tout particulièrement à trois moments de l'histoire du cinéma :
- dans les années 30, on parle de réalisme poétique à propos de films français qui peignent les milieux populaires (réalisme) dans des décors de studio, avec des dialogues très écrits (poétique). Feyder, Jean Renoir, Duvivier et Carné en sont les meilleurs représentants.
- tout autre est le néoréalisme italien qui s'épanouit au lendemain de la seconde guerre mondiale : la peinture de la vie quotidienne se fait au moyen de décors naturels, et avec la participation de non acteurs, c'est-à-dire de comédiens non professionnels, recrutés le temps d'un film. Rossellini, Visconti, De Sica, illustrent cette tendance.
- Enfin citons pour mémoire le réalisme socialiste, doctrine officielle de l'U.R.S.S. dans les années 1945 à 1955, qui mettait l'art au service de l'idéologie et des intérêts de l'État, le stérilisant au profit d'un nouvel académisme.
Il arrive que le cinéma hollywoodien joue subtilement sur les codes du réalisme et ceux de la fiction, comme dans les Chercheuses d'or (Gold diggers, 1933) où un conte de fée - une jeune fille pauvre rencontre le Prince Charmant et découvre l'amour, la fortune et la gloire - est traité selon les codes du réalisme alors en vigueur, tandis que la réalité - la guerre, la crise économique et l'avènement du Roi Dollar - sont traités avec les codes de la féerie théâtrale, dans le spectacle de music-hall que montent les amoureux. |