Son et Cinéma

Le cinéma muet

 

Le fait que le son ait été d'abord réduit à un commentaire oral ou à un accompagnement musical a eu des conséquences :

 

- sur le jeu des comédiens, nullement préparés à ce nouveau spectacle, et venus du cirque, du théâtre et du music-hall. Ceux qui étaient habitués à la pantomime, comme Chaplin et les premiers comiques français, se sont trouvés d'emblée à l'aise. Plus généralement les acteurs comiques, habitués à la caricature et à la charge, se sont bien adaptés. Le passage fut plus pénible dans les genres sérieux : Sarah Bernhardt et Coquelin, vedettes du théâtre d'alors, transportent à l'écran ses caractéristiques - emphase et grandiloquence - par une gesticulation exagérée. Les progrès viendront du montage.

 

- sur la vitesse de tournage et de projection, l'absence de bande son n'obligeant pas à suivre une norme, ce qui rend arbitraire toute adaptation au matériel actuel.

- sur le montage : privée des voix et des bruits, l'image visuelle devait être parfaitement compréhensible, et le recours à l'écrit sous forme de cartons ne pouvait qu'être très limité, en l'absence de sous-titres. Le montage se donna donc les règles rigoureuses d'une grammaire que le parlant devait vite oublier. Surtout, le recours privilégié, dans l'échelle des plans, au plan américain et au gros plan, notamment dans le cinéma soviétique, a permis d'obtenir plus d'intensité dramatique, en introduisant dans le jeu plus de sobriété.