Le problème de l'adaptation
Dès ses premières années, le cinéma a emprunté nombre de ses sujets à la littérature : Méliès s'attaque à Faust et Marguerite dès 1897, après Louis Lumière, et son fameux Voyage dans la Lune (1902) est une très libre adaptation de Jules Verne, tandis que la Esmeralda, d'Alice Guy est la première adaptation de Notre-Dame de Paris, tournée en 1905 pour Gaumont à l'insu des héritiers de Hugo...
Depuis, le cinéma a fait quelques progrès, mais nombre de lecteurs sont toujours déçus par le résultat du traitement cinématographique d'œuvres qui leur sont chères. C'est inévitable, dans la mesure où :
- le cinéma doit souvent simplifier des intrigues complexes ; - il peut difficilement rendre les subtilités du roman psychologique, à moins de recourir au son off ; - la lecture d'un roman suppose que le lecteur supplée par son imagination à tout ce que le texte ne peut décrire : le choix d'un acteur, d'un décor, procède de l'imaginaire du cinéaste, qui peut n'avoir rien de commun avec celui de tel lecteur.
Il n'en demeure pas moins que si le visionnement du film précède la lecture du roman, le spectateur est souvent assez motivé pour acheter et lire le livre, et qu'entre la plate illustration ou la franche trahison, et le chef-d'œuvre cinématographique tiré d'un texte sans valeur (par exemple La Dame de Shangaï, de Welles), on trouve tous les degrés, de l'échec honteux à la plus haute réussite, pourvu que l'on accepte une évidence : un film est aussi différent d'un roman qu'un tableau d'une description ou d'un récit oral. |