L’Exposition universelle de 1937 est le plus ancien parmi les souvenirs qu'il m'est possible de dater avec quelque précision. Il est fait de quelques flashes rapides. C'est la nuit, Maman me tient par la main au milieu d'une foule de géants, et nous prenons bien garde à ne pas perdre de vue mon père qui nous précède avec ma sœur Solange. Sur l'eau noire de la Seine éclairée par des projecteurs, des hors-bord passent à toute vitesse, ils font une course. Enfin, nous marchons sur une grande avenue vide, en direction de l'Étoile ; des détonations éclatent, nous nous retournons pour voir les fusées multicolores d'un feu d'artifice, entre deux hautes masses rectangulaires que j'identifierai, beaucoup plus tard, comme les bâtiments du Palais de Chaillot vus de l'avenue Kléber.