La Fête au château

J'arrête ici l'enquête que j'ai conduite pendant trois mois et dont on trouvera ci-dessous les résultats. Elle portait sur la façon dont la « classe politique », c'est-à-dire les seigneurs de notre époque, qu'ils prennent un blason aux couleurs de la Droite ou préfèrent celles de la Gauche, tondent sans vergogne le bon peuple et mettent au pillage les richesses du pays. Ce qui ne les empêche nullement de réclamer sans cesse de nouveaux efforts aux manants sous prétexte de payer nos dettes en « réduisant le train de vie de l'État ». Comme si ce train de vie était celui des classes moyennes et des plus pauvres, dont on rogne les acquis durement obtenus en deux siècles de combats ! Bien entendu, les dépenses somptuaires dont ils s'étourdissent et la part du budget toujours accrue qui est destinée à satisfaire leur appétit sans limite ne fait pas partie du « train de vie  de l'État » !
On ne manquera pas de me reprocher de faire le jeu des populistes, de droite comme de gauche. En fait, rien n'est plus éloigné de mes convictions que ces extrêmes qui se touchent. S'ils veulent « donner un coup de balai » et chasser du pouvoir ceux qui l'occupent, « tous pourris », c'est bien sûr pour prendre leur place et se partager le gâteau ! Car la logique de l'extrême droite est la même que celle des actuels « partis de gouvernement », qui  prétend que la France reste un grand pays, qu'elle peut ignorer le reste du monde ; deux traits seulement l'en distinguent : le traitement de l'immigration (et encore !) et la peur maladive de tout changement démographique ou sociétal. Et celle de l'extrême-gauche, figée dans le stalinisme ou le trotskisme, n'a pas d'autres voies à proposer que celles qui ont mené la défunte U.R.S.S. à la catastrophe, la Chine au capitalisme sauvage et la Corée à la dictature d'une dynastie ubuesque.
Quant à la corruption, elle n'est pas produite par des individus mais par un système que les populismes ne remettent pas en cause, bien au contraire : faire de la politique un métier que l'on exerce à vie, c'est-à-dire une carrière, c'est éloigner ceux qui l'embrassent du monde réel et les exposer à des tentations auxquelles peu d'ommes et de femmes résistent.
Ma décision est due au changement de mes priorités et à la découverte de sites qui font beaucoup mieux que moi ce travail et dont j'ai signalé, chemin faisant, les adresses.
Samedi  20 avril 2013

J'écrivais le 17 décembre dans la rubrique Au Fil des jours, sous le titre Réseautage les lignes suivantes :

« Le privilège principal de l'heureux gagnant [aux présidentielles], en notre France éternelle, est de pouvoir dépasser les minables manœuvres du clientélisme et du réseautage et dispenser pour sa seule gloire de généreuses gratifications et pensions. On apprend avec surprise, dans la même semaine, que François Hollande a chargé d'une vague mission de représentation dans le domaine écologique un certain M. Hulot (à quoi sert donc la ministre de l'écologie et tout son personnel ?), que les quinze membres d'une commission de rénovation et de déontologie de la vie publique créée en juillet sont rémunérés de 122 000 à 80 000 euros et qu'il a promis le 9 décembre de créer en 2013 un « observatoire national de la laïcité », chargé notamment de formuler des propositions sur la transmission de la morale publique à l'école ! On comprend que les 48% de Français qui s'estiment pauvres n'aient pas les moyens de s'initier aux subtilités du réseautage, mais comment peuvent-ils tolérer que leurs roitelets électifs gaspillent ainsi, à tour de rôle, les maigres ressources d'un État aux abois qui ne cesse de leur demander de nouveaux sacrifices, au profit de courtisans qui souvent n'ont pas d'autre qualification que de s'être fait connaître et pas d'autre visée que de manger à tous les râteliers ? Louis XIV, au temps de sa splendeur, en a donné l'exemple ? Encore avait-il une bonne raison politique pour le faire – l'abaissement des Grands – alors qu'aujourd'hui on ne songe qu'à renforcer leurs privilèges ! »

Ce scandale du gaspillage des deniers publics au profit de quelques copains du Château n'est pas nouveau, et remonte au moins au règne de François Mitterrand. Mais comme il paraît s'aggraver de manière exponentielle depuis plus de cinq ans, je crois bon d'en suivre (autant que j'en suis capable) les progrès hebdomadaires, sans m'interdire de revenir en arrière, bien sûr. En souhaitant de bonnes fêtes à mes concitoyens qui en font les frais, en particulier à tous ceux qui n'ont plus de toit, et à ceux qui craignent de perdre le leur.

1. Pour mémoire : le projet monstrueux de l'aéroport international de Notre-Dame des Landes, qui ne desservira rien d'autre que ses auteurs et ceux qui le soutiennent, à droite comme à gauche, car il fait l'objet d'un admirable consensus de nos deux partis de gouvernement : « L’ensemble du projet est estimé à 581 millions d’euros HT valeur 2006  » selon la thèse soutenue  le 18 novembre 2009 par Michel CARRARD, directeur de thèse : Guy BAUDELLE, à l'université de Rennes.  

2. Mme Taubira, à propos du traitement de la récidive, « a installé, le 18 septembre, un comité d'organisation de vingt-deux personnes, présidé par Nicole Maestracci. La première présidente de la cour d'appel de Rouen a déjà présidé une conférence de consensus sur les sans-abri, en 2007 [Sarkozy regnans], mais c'est une première en matière de justice. [...] deuxième phase du processus : la liste des vingt membres du jury, choisis en toute liberté par le comité d'organisation qui, après avoir digéré la robuste documentation qu'on va leur fournir, entendront les 14 et 15 février une petite trentaine d'experts, en audience publique. » (Le Monde du 19/12/2012) Les sans-logis attendent toujours les retombées du labeur de la première commission ! On conçoit que pour engager les dépenses d'une autoroute, d'une centrale nucléaire ou... d'un aéroport, le prince ait besoin de l'avis d'ingénieurs compétents, mais les questions de société, c'est-à-dire la manière dont les citoyens entendent vivre ensemble ne relèvent que d'eux-mêmes, et des représentants qu'ils ont élus et paient fort cher pour en débattre et en décider en leur lieu et place. Si leurs tarifs sont les mêmes que ceux de la commission Jospin, soit environ 100 000 euros la bête, ces 72 élus de la ministre de la justice coûteront autant que la réhabilitation de bien des cellules de nos honteuses prisons !

3. M. Ayrault vient d'annoncer la suppression de 100 commissions consultatives. Ne faisons pas la fine bouche comme La Tribune qui l'annonce à la date du 18 décembre et ose écrire : « qui peut croire, sérieusement, que la suppression de 100 commissions sera synonyme d'économies importantes ? » Des collaborateurs ou des proches de ce journal seraient-ils touchés par cette mesure ? Ou est-ce simplement l'esprit partisan qui dicte ce commentaire ? S'agissant de réduire le train de vie de l'État, et non celui des citoyens comme on a fait jusqu'ici, il n'y a pas de petites économies !

4. Hélas, M. Hollande a emmené dans ses bagages, en Algérie, quelques 200 personnes. On cherche en vain les résultats de cette coûteuse visite.

Lundi 24 décembre 2012 

5. Hadopi vient de publier un rapport sur ses deux années d'activité. Cette Haute autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet (excusez du peu !) instituée sous la présidence de Sarkozy, et que le monde nous envie parce que rien d'équivalent ne s'y trouve, a été chargée de réprimer le chargement gratuit de musique et de films par le procédé P2P (Peer to Peer), par des parlementaires qui n'ont jamais rien compris à Internet, en particulier que le téléchargement passe aujourd'hui par le streaming, mais qui n'ont rien à refuser à certains groupes de pression qui soutiennent les intérêts les plus ringards et les plus désespérés. Le résultat est spectaculaire : près d'un million et demi d'avertissements par courriel, et... la condamnation d'un ingénu à une amende de 150 € ! Cher contribuable, cela ne vous a coûté que 12 millions d'euros par an (selon Le Figaro), mais d'autre estimations montent les enchères à 80 millions (ce serait 12 millions par fournisseur d'accès) ! Il faut dire que le secret est bien gardé : interrogée en 2010 par une commission de l'assemblée nationale sur son budget et sur ses émoluments, la présidente protesta contre une évaluation officielle de son budget à 70 millions : il devait s'agir d'une confusion avec les frais d'infrastructure, dit-elle), et glissa tout simplement sur sa paye. Bah, au point où on en est ! Pourtant, j'ai trouvé l'information suivante :

« Selon l'article 2 du document, "la rémunération globale du secrétaire général ne pourra excéder un montant annuel brut de 180 000 euros". », en 2010 (selon la CADA, Commission  d'accès aux documents administratifs) (http://www.numerama.com/magazine/16093-les-remunerations-a-l-hadopi-sont-elles-tabou-maj.html)

Dernière minute : « Je viens de recevoir la confirmation officielle du ministère de la culture : le montant de la subvention qui nous a été allouée est porté à 9 millions d’euros. Avec ces 9 millions d’euros, nous pourrons remplir l’intégralité des missions que les parlementaires nous ont confiées. » a indiqué Marie-Françoise Marais, la présidente, invitée du Buzz Media Le Figaro, qui justifie ces propos étonnants par le fait que le rôle d'hadopi est « pédagogique » ! Les enseignants apprécieront...

Pendant ce temps, on trouve des économies en repoussant à 2015 la réforme des tribunaux de proximité, qui coûterait la création de 60 postes de magistrats, bien connus pour être de redoutables budgétivores ! 

6. Pour ne pas être en reste, M. Montebourg, qui ne sait peut-être pas que cela existe en France depuis belle lurette, fait un cadeau de 150 millions d'euros à S.F.R. et Orange pour les aider à créer des clouds bien de chez nous ! C'est une entorse à la libre concurrence, et Bruxelles condamnera une fois de plus la France éternelle, qui devra payer une amende. Il le sait, mais ces entreprises, qui passeront leurs commandes de matériel à l'étranger, auront reçu en attendant une confortable avance de trésorerie. C'est ce qu'on appelle au Château « du Redressement productif » !

Lundi 31 décembre 2012 (à suivre)

7. Relevé, dans La Charente libre : « Claude Sérillon [...] ancien présentateur du journal télévisé de 20 heures, a été nommé conseiller à la présidence de la République, où il vient renforcer le service de communication de François Hollande. [...selon] un proche du chef de l'État. "Il manquait une pièce dans le dispositif [...] quelqu'un qui soit capable de mettre les choses en musique, de les mettre en scène, de commenter, d'expliquer l'action du président", a-t-il ajouté. ». On ne saurait mieux définir la politique-spectacle, qui signifie d'abord que nos prétendus dirigeants n'ont pas grand chose d'autre à nous offrir que du cinéma. Claude Sérillon est un journaliste courageux et sympathique, mais pourquoi ne pas remercier ceux qui ont montré leur incapacité dans « le dispositif », soit, selon Libération, « trois personnes (Christian Gravel, Claudine Ripert, Aquilino Morelle) qui déjà se tirent dans les pattes. » ? À qui fera-t-on croire qu'il faut à nos roitelets plus d'un griot (et son secrétariat !) pour chanter leurs hauts faits ? Encore des dépenses inutiles !

Lundi 7 janvier 2013


8. La semaine dernière, c'était la fête de Lionel Jospin, nommé président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de Jack Lang, nouveau président de l'Institut du monde arabe. Ces vieux messieurs cachent, l'un sous un air austère, l'autre sous un bon sourire, de longues dents : l'âge ne les a pas rendus moins voraces, bien au contraire, leur appétit semble croître avec les ans : merci pour eux ! Et puis ils veulent tellement servir (encore) la République qu'on peut les donner en exemple à notre belle jeunesse. D'ailleurs, le contribuable n'a que faire de ces nominations : que lui importent les noms des copains ; ceux-là ou d'autres, c'est pour lui le même prix... à moins que le cher Lang ait assez d'entregent pour obtenir que l'État qui jusque là s'y refuse –  austérité oblige augmente sa participation au budget de l'Institut ?

9. Pour notre roitelet, ça n'était pas la fête ! Annonçant au peuple souverain l'engagement militaire de la France au Mali, il avait la mine piteuse de Vatel apprenant au roi que la marée n'était pas arrivée ! Dieu merci, on ne porte plus d'épée à la cour de France... On était loin de Mitterrand confiant à la télévision que son seul regret était qu'il ait manqué une guerre à son premier septennat, et de la joie à laquelle il se précipita à Sarajevo assiégée, à la manière du Roi-Soleil inspectant ses troupes sur le théâtre de leurs exploits ! Et des coups de menton de Sarkozy, notre Little Caesar national, prenant sa revanche des couleuvres que son ami Khadafi, autre gangster, lui avait fait avaler lors de sa visite !

Comme on comprend l'embarras de notre chef des armées : si les mutileurs de petits voleurs (les grands sont toujours épargnés) et les lapideurs de femmes sans défense n'inspirent que de la répulsion, il est devenu difficile de croire que nous sommes chargés d'immobiliser l'histoire et de continuer à jouer les gendarmes en Afrique. Personne d'autre que les Africains ne peut régler les soubresauts redoutables de la décolonisation, et surtout pas l'ancien colonisateur. François Hollande le sait, mais est-il libre de ne pas servir certains intérêts en jeu, qui ne sont pourtant pas les nôtres ?

Lundi 14 janvier 2013

10. M. Ayrault est un grand bâtisseur, et si l'aéroport qu'il veut imposer présente une utilité discutable, on ne saurait en dire autant de la construction d'un nouveau palais de justice qu'il vient de décider dans le quartier des Batignolles, en remplacement de celui que le XIXe siècle nous a légué dans l'île de la Cité, aujourd'hui suranné et complètement inadapté, par sa conception et ses dimensions, à ses fonctions actuelles.

Où le bât blesse, c'est qu'on n'a pas regardé au prix : M. Ayrault est grand seigneur, le pauvre Bouygues qui a remporté la commande est fort nécessiteux, et le cochon de contribuable paiera. Comme on n'a pas le premier sou des 679 millions à investir, on s'en tirera en payant en 27 ans à Bouygues 2,7 milliards d'euros, soit un peu plus de 90 millions par an, à prendre sur le budget minable de 7,7 milliards du ministère de la Justice, dont plus de la moitié est consacré aux prisons de la Patrie des Droits de l'Homme (et du Citoyen), qui figurent parmi les plus immondes de la planète. Comme les frais de sécurité, évalués à 3,6 millions par an, ceux – qui s'annoncent colossaux – de déménagement et de réaménagement de l'ancien palais, où subsisteront la cour d'appel et la cour de cassation, sans compter les dépassements habituels qui devraient aisément porter le coût à 1 milliard ne sont pas prévus, on comprend que Mme Taubira veuille renégocier le contrat, et on lui souhaite bien de la chance : le gouvernement ayant accepté les termes du contat, ses négociateurs seront en position de force face à Bouygues !

11. On comprend que le ministère de la Justice râcle les fonds de tiroirs : les avocats de Grenoble qui participent à l'aide juridictionnelle en savent quelque chose, qui n'ont pas été payés depuis le mois d'octobre. Et aussi le Conseil de l'Ordre, qui s'est aperçu qu'on détournait une partie de cette aide pour payer des frais sans rapport avec elle. La parole est au Conseil d'État, qui a été saisi de l'affaire.

Espérons qu'il comprendra quelles perspectives sont ouvertes : en remettant à plus tard, comme certains de nos alliés africains, le paiement des traitements et des pensions de nos fonctionnaires qui nous coûtent si cher, on pourrait éponger rapidement la dette. Pour ce qui est de piquer dans une caisse pour approvisionner l'autre, c'est pratique courante (sécurité cociale, caisses de retraite...) : il faut encourager cette souplesse de gestion, qui met de l'huile dans les rouages un peu grippés de l'État.

Lundi 21 janvier 2013

12. La droite a beau jeu de se gausser de l'Élysée. Elle rappelle le troisième point de la longue profession de foi du candidat Hollande : « Moi, président de la République, je n'aurais pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserais ça à des instances indépendantes. » et, en fin de débat, l'interpellation : « Vous avez nommé partout vos proches. » au moment où le président du même nom désigne M. Schrameck à la direction du C.S.A. Que voulez-vous, on n'a pas eu le temps de modifier la règle du jeu, des tâches autrement importantes nous absorbent, comme de recevoir Mme Frigide Barjot ! Et puis M. Schrameck a été le conseiller de Jospin, et il se trouve au P.S. de mauvaises langues pour lui reprocher d'avoir gravement contribué à sa catastrophe en le coupant des réalités. Couper des réalités, n'est-ce pas la première tâche de l'audiovisuel ? Et puis, en ces temps de conflit avec l'Église, il est bon de montrer que l'on sait pardonner les fautes...

Lundi 28 janvier 2013

13. Deux informations sont tombées cette semaine, plus ou moins occultées par le tapage médiatique fait autour du « mariage pour tous » (?) et du voyage malien (mais peut-être pas malin) de notre grand chef de guerre.

Le tarif des autoroutes augmente en moyenne de 2,1% en février. Il varie, en fait, de 1,18 (Paris-Normandie) à 2,29 (A14/SAPN). « Les sociétés d’autoroutes précisent que c’est l’Etat qui détermine l’augmentation annuelle. L’administration se fixe sur un taux d’inflation entre octobre 2011 et octobre 2012 pour déterminer la hausse à appliquer (cette année : + 1,70 %), ce chiffre est ensuite adapté en fonction des travaux à faire au sein des différentes sociétés d’autoroute. » (selon http://aquitaine.france3.fr). Oui, mais Laurent Hecquet, fondateur du club de réflexion Automobilité & Avenir, montre dans un rapport récent que les bénéfices des deux principales sociétés, entre 2005 et 2011, ont augmenté de 77,8 % (ASF) et 103 % (APRR), leurs frais ayant baissé tandis que leurs recettes s'envolaient !

Ce n'est que broutilles à côté du scandale de l'ONEMA (Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques) signalé par
Le Monde paru samedi 2 février, mais suivi depuis longtemps sur le site Eaux glacées auquel je renvoie. Il faut dire que la mauvaise gouvernance, dans ce domaine, remonte loin. Avant même que l'ONEMA ne succède au Conseil supérieur de la pêche, cette très atypique démocratie qu'est la Vème République avait confié à des administrations, les Agences de l'eau, le soin de fixer les taxes, en toute inconstitutionnalité : « En effet, l’art. 34 de la Constitution (annexe 10) dispose que « la loi est votée par le Parlement » et que « la loi fixe les règles concernant […] l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes natures […] ». Sur la base de cette formulation, dans un avis du 23 juin 1982 (annexe 11), le Conseil constitutionnel a estimé que les redevances de bassin devaient être rangées parmi les impositions de toutes natures dont cet article 34 de la Constitution réserve au législateur le soin de fixer les règles concernant l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement. » (Rapport de  JEAN-CLAUDE FLORY, Député de l’Ardèche, Octobre 2003, intitulé : Les redevances des agences de l'eau – enjeux, objectifs et propositions d’évolution dans la perspective de la réforme de la politique de l’eau. Le problème semble avoir été réglé... en 2003 ou 2006 !

Ce qu'il faut souligner, c'est que l'ONEMA, créée en 2007 et qui a complètement échappé au contrôle de l'État, non contente de passer des marchés illégaux, de payer des prestations fictives et de refuser de communiquer sa comptabilité à la Cour des comptes, est chargée de percevoir des taxes abondantes et sans cesse augmentées pour l'assainissement, sur la pollution... c'est-à-dire pour des tâches dont elle ne s'acquitte pas, si bien que la France est menacée par Bruxelles d'une amende de 1,5 milliards d'euros pour l'état déplorable de son réseau hydrique. Les contribuables paient sans rechigner, et les particuliers ignorent qu'ils règlent 84,7% des redevances pour une consommation de moins de 20%, l'industrie et l'agriculture étant de loin les plus gros usagers. L'ONEMA est une agence administrative de l'État : l'Inspection Générale des Finances en compte 1244 et y voit « Un phénomène inflationniste en termes de moyens humains et financiers qui ne s'est pas accompagné d'un renforcement suffisant de la tutelle de l'État. », ces agences représentant 20 % du budget de l'État. Il paraît que le gouvernement s'intéresse à ces questions. Souhaitons-lui bon courage, il a du pain sur la planche !

Lundi 4 février 2013

14. On apprend avec intérêt que Fleur Pellerin, ministre de l’économie numérique, a nommé « un tout nouveau Conseil national du numérique » (France-Culture, 04/02/2013) qui compte une trentaine de membres, tous « bénévoles ». Le site bien intéressant paiecheck.com qui fournit ce dernier renseignement s'est engagé à découvrir ce que nous coûte ce bénévolat. On lui souhaite bonne chance, car le budget est un secret (d'État) bien gardé dans notre prétendue démocratie. Essayez donc de trouver une information de ce genre sur le site qui y est officiellement consacré !

15. Tableau édifiant de paiecheck.com déjà cité :

Qui ?

Nombre

Salaire brut

Mensuel (1)

Annuel

Président du CSA

1

15 414 €

184 964  €

Conseiller du CSA

8

11 105 €

133 265  €

TOTAL MEMBRES

9

104 257 €

1 251 084 €

Ce qui place le président du C.S.A. au-dessus du président de la République (14910) et un conseiller du C.S.A. bien au-dessus du président du Conseil constitutionnel (6950)

La guerre du Mali ne coûterait que 3 millions d'euros par jour. À ce prix-là, on en redemande !

Lundi 11 février 2013


16. Si notre Château coûte cher, que dire des fonctionnaires du palais que nous entretenons à Bruxelles ? D'un article bien intéressant de Georges Quatremer, correspondant à
Libération, auquel je me permets de vous renvoyer, je ne retiendrai que deux informations :
– «
Les fonctionnaires européens payent des cotisations salariales et des impôts, contrairement à une légende tenace » ;
–  Laissant de côté les 480 fonctionnaires de grade 14, pauvres minables qui gagnent un peu moins que le locataire de l'Élysée, soit de 13.216 à 14.954 €, les 27 n'entretiennent pas moins de 220 hauts fonctionnaires dont chacun gagne plus que l'un des chefs des bienheureux États qui composent cette Union bénie des dieux, soit 186 pour le grade 15, (de 14.954 à 16.919 €) et 34 pour le grade 16, (de 16.919 à 18.371 €) !

À comparer à cette citation du journal
La Croix du 7 février : "« Il n’y a aucun fonctionnaire européen qui gagne plus qu’Angela Merkel, même les directeurs généraux les plus seniors », assure Antonio Gravili, porte-parole du commissaire européen chargé de l’administration, Maros Sefcovic. »" Qui ment ? La phrase suivante de cet article apporte peut-être une réponse : "Celui-ci n’inclut pas les commissaires, dont le salaire mensuel brut de base s’élève à 20 667 €, pas plus que le président de la Commission, dont le salaire s’élève à 25 351 €." Le site JDN en rajoute une louche : allez savoir !

On comprend qu'il soit plus sain pour les gouvernants, en ces temps de vaches maigres où la viande de cheval fait un bœuf, d'amuser les citoyens ordinaires (c'est-à-dire leurs sujets), pendant des semaines, au spectacle désopilant du « mariage pour tous » (?)

17. À propos de « mariage pour tous » (?) le site Atlantico, citant l'IFRAP, révèle le
coût supplémentaire d'une heure de séance de nuit à l'Assemblée nationale : 50 000 €. Comme dit Claude Bartolone, président de ladite Assemblée, en refusant de s'en expliquer : « La démocratie a un coût et celles et ceux qui pensent qu’on peut la faire fonctionner sans qu’elle ait un coût sont des populistes.
Le jour où on expliquera qu’il faut supprimer les départements, les villes, les conseils régionaux, l’AN et le Sénat et que tout ira bien, ce sont des populistes qui tiennent ce genre d’argument !
»

Populistes ? M. Claude B(ouche cousue) sait bien que personne ne met en cause l'existence des villes, des régions et du parlement, mais des pratiques financières abusives. Cantons et départements, en revanche, n'ont d'intérêt que pour leurs élus, mais il se garde bien d'en parler. Les révolutionnaires de 1789 qui ont jeté à bas l'échafaudage, devenu ubuesque, des circonscriptions de l'Ancien Régime, et mis fin pour un temps aux privilèges étaient de fieffés populistes !

Lundi 18 février 2013


18. Jeudi dernier, Ségolène Royal a été nommée vice-présidente de la B.P.I. (Banque publique d'investissement), créée pour aider les P.M.E. Il paraît  qu'elle en a inspiré l'idée. Juste récompense d'une grande femme d'État méconnue. Et puis, au moins, cela ne sort pas de la famille présidentielle et royal(e), comme le Habsbourg était « majesté impériale et royale. »  Si seulement ça pouvait la calmer, mais déjà elle revendique de nouvelles responsabilités politiques !

19. À propos des présidents de la République en retraite, « L'auteur de L'Argent de l'État souligne surtout que la note est salée pour les contribuables : selon ses calculs, chaque ex-président coûte entre 1,5 et 2 millions d'euros par an. "Pour les trois anciens chefs de l'État, cela fait un total de près de 5 millions d'euros. En soi, ce n'est pas une somme considérable, mais, par les temps qui courent, il n'y a pas de petites économies!" » (Challenges, 18-02-2013)
René Dosière, le député exclu du P.S. pour indiscipline (tiens, tiens !) mais toujours réélu par la gauche et les électeurs socialistes, mérite bien ce petit coup de pub gratuite pour son livre, paru au Seuil, en février 2012.

Lundi 25 février 2013

20. Notre grand chef de guerre est revenu bredouille de sa campagne de Russie. Du moins, laissant au Mali sa Grande Armée, n'emmenait-il dans ses bagages que quatre ministres, une quinzaine de chefs d'entreprise et, je suppose, la suite qui s'impose pour d'aussi grands personnages, mais l'histoire ne le dit pas. Cette menue dépense nous a valu du moins quelques secondes de spectacle surréalste : s'adressant à un Poutine perplexe, notre roitelet n'a pas craint de parler de la Russie et de la France comme de deux grands pays ! Le plus drôle est qu'il y croit !

21. À part cela, je n'ai pas eu la chance de rencontrer de nouvelles informations sur nos dépenses, mais je ne prends que celles qui me tombent sous les yeux. Bonne occasion de faire un petit bilan. En un peu plus de deux mois, j'ai relevé 994 274 074 d'euros de dépenses inutiles. Encore n'ai-je pas compté les économies à faire sur les commissions (on en a supprimé 100, mais on en crée une ou deux par semaine), les salaires exorbitants et les séances de nuit : trop compliqué. J'inclus en revanche dans ce chiffre les 156 millions que la guerre du Mali nous a coûtés en 52 jours (cela fera, comme la Libye, un bon milliard d'ici la fin de l'année). Je n'ai pas compté non plus le milliard et demi d'amende dont nous sommes menacés pour notre gestion désastreuse de l'eau. J'offre modestement ces deux ou trois milliards à notre gouvernement : ce sera ma modeste contribution à sa politique de rigueur.

22. Pauvres Suisses, qui viennent de retirer leurs parachutes dorés à leurs chefs d'entreprise ! Quelle catastrophe pour ce beau pays, qui va voir toute son élite entrepreneuriale prendre le chemin de l'exil ! Ce sont des erreurs qui ne se produisent que dans les démocraties. Dieu merci, notre monarchie élective, mais néanmoins éclairée, nous en préserve !

Lundi 4 mars 2013

23. Le 21 janvier, je signalais le contrat scandaleux passé par Ayrault avec Bouygues pour la construction du futur palais de justice des Batignolles. Quelle naïveté ! Cette pratique a un nom générique : il s'agit de contrats public-privé (PPP), à propos desquels Le Monde daté du mercredi 6 mars note que depuis l'ordonnance de juin 2004 qui les a créés, on est passé « de 146 millions d'euros en 2007 à 5,6 milliards en 2011, plaçant la France au premier rang européen. » Enfin un record français !

Rappelons le principe : l'État et les collectivités locales n'ayant que des dettes, il leur suffit pour lancer de grands travaux de demander aux entreprises qui en sont chargées de les financer elles-mêmes. Elles seront remboursées par le versement d'un loyer annuel sur une longue période, qui peut aller jusqu'à 50 ans. Ce loyer est tellement énorme qu'il peut mettre en faillite un emprunteur, comme le C.H.U. sud-francilien (voir rue89) et une soixantaine d'hôpitaux britanniques. Mme Taubira, assez bon garde des sceaux mais gestionnaire imprévoyante, ne cesse de signer des PPP pour rénover ou construire prisons et tribunaux. Bref, on feint de réduire la dette publique et l'on demande pour ce faire des sacrifices aux contribuables, mais on la gonfle sans limite en catimini !

24. L'estimation à 3 millions par jour du coût de la guerre privée de M. Hollande date de ses débuts, quand n'opérait qu'un petit corps expéditionnaire de 1 500 hommes. Qu'en est-il quand ils sont 4 000 ? Et le retrait prévu en mars est déjà reporté en avril, parbleu ! En attendant, nous avons enfin droit à de belles images : la guerre s'étant transportée loin des zones habitées, il n'y a plus de règlements de comptes à cacher, sans doute ?

Lundi 11 mars 2013


25. Mon enquête sur les Phynances portant cette semaine sur les syndicats, je l'ai glissée dans la rubrique Au Fil des jours. Pour en revenir au Château, je partage pleinement l'indignation de Carla à l'égard du pingouin qui s'en est emparé : quel malotru, ignorer le baise-main ! Je ne sais si son mari baise la main de cette dame, mais c'est un vrai châtelain, lui, qui connaît les bonnes manières et sait parler aux manants : « Casse-toi, pauv'con ! »

26. Autre Marie-Chantal, Mme Sallenave (de l'Académie française). Cette fière contemptrice de « la culture internet » puise à de meilleures sources, et vous torche une chronique sur France-Culture en recopiant (sans le dire) la chronique Ce qui s'est passé en... dans son vieil agenda, ce qui lui permet de nous citer quelques événements de 1484, dont la réunion des États généraux où figurèrent pour la première fois des représentants de la bourgeoisie et « des riches laboureurs », sous le nom de Tiers État. Et de conclure : c'était un commencement, il nous appartient de continuer. Que Mme Sallenave dorme sur ses deux oreilles : personne, au Château et dans l'opposition, ne conteste les privilèges durement acquis de la bourgeoisie et des « riches laboureurs » !

Lundi 18 mars 2013


27. Ne fredonnez pas Malbrouck s'en va-t-en guerre sous les fenêtres ou dans les couloirs de l'Élysée : notre grand chef de guerre pourrait en prendre ombrage. C'est un fait que le retrait de notre glorieuse armée, qui selon Fabius devait commencer « à partir de mars, si tout se passe comme prévu ». (14 mars), ou  « à partir du mois d'avril » selon le chef suprême en personne (7 mars), c'est-à-dire aux environs de Pâques est reporté « à partir de la fin du mois d'avril » par son premier ministre. Ou à la Trinité ? Souhaitons que cette mauvaise et coûteuse plaisanterie prenne fin avant que son héros ne soit mort et enterré ! Il est vrai qu'en compensation, on fera des économies sur les otages en refusant de payer des rançons. C'est affreux, mais c'est pourtant le seul moyen de mettre un terme à cette petite industrie.

28. Autre souci au Château, l'affaire Cahuzac. À supposer que l'accusation de Mediapart soit prouvée, il n'y aurait pas de quoi fouetter un chat dans un pays où la fiscalité est conçue pour permettre aux plus riches et aux plus habiles d'échapper à l'impôt, où la fraude fiscale est un sport national, où on offre à grands renforts de publicité d'échapper à l'impôt, et où beaucoup de gens scrupuleusement honnêtes et qui se croient bons citoyens trouvent tout naturel d'ouvrir des comptes à l'étranger quand ils en ont l'occasion. En revanche, je ne partage pas l'admiration du Monde pour un ministre qu'il estime courageux parce qu'il a demandé des sacrifices à ses concitoyens : c'est trop facile, quand on est grassement entretenu par les mêmes contibuables, ou plutôt, c'est culotté !

Lundi 25 mars 2013